Suite du travail de démocratie participative démarré 2014, la CRSA a engagé, en collaboration avec les Conseils Territoriaux de Santé, un dialogue régional sur les enjeux de la participation des usagers dans le système de santé et le rôle des acteurs. Réunis en octobre 2020, les participants ont pu réfléchir aux leçons de la crise sanitaire et du confinement, et émettre de nombreuses recommandations.
Elus, citoyens, professionnels de santé, bénévoles d’association, ils étaient 14 le 12 octobre 2020 à Clisson, et 32 à Laval le 5 octobre 2020.
Organisées après la fin du confinement, ces soirées ont permis d’aborder, de façon approfondie, la place et le rôle des acteurs de santé à l’aune de ce qui fut vécu pendant la crise sanitaire de mars à juin 2020, en se tournant vers l’avenir et les nécessaires changements à anticiper.
Les participants ont bien évidemment mentionné des expériences positives à renouveler :
une réappropriation de la vie locale, une émergence d’initiatives solidaires , un rôle clef joué par les mairies et les associations dans l’accompagnement des personnes fragiles et isolées. Et aussi un véritable dialogue entre acteurs locaux avec une réelle prise en compte et adaptation des situations de terrain, une meilleure cohésion entre hôpitaux et médecins libéraux, de meilleurs échanges entre professionnels , la création de certaines équipes mobiles.
Les participants ont aussi, à partir de leur expérience de terrain, soulevé les manques et des écueils de la gestion de la crise :
le processus de prise des décisions venant du « haut » et s’imposant aux acteurs de terrain, qui plus est dans des délais très courts, a principalement été pointé du doigt. Et donc le manque de consultation des associations départementales et des usagers, le manque de dialogue entre les personnels médicaux et les instances locales, d’écoute des remontées de terrain, d’espace de dialogues entre les acteurs publics et privés. Les participants ont également soulevé un manque d’outils, notamment numériques, qui auraient permis de faciliter les échanges.
Il y a eu des ruptures de parcours de soins concernant les personnes atteintes de maladies chroniques ou les personnes ayant des opérations ou rendez-vous planifiés. Et les résidents des EHPAD se sont retrouvés particulièrement isolés.
La question éthique n’a pas été mise de côté au cours de ces ateliers. Les participants souhaitent qu’émerge une réflexion sur l’acceptation des risques, les effets des mesures sanitaires à court terme et à long terme, l’équilibre à trouver entre préservation du présent et du futur.
Les réflexions, analyses et débats ont pu aboutir à des recommandations :
Sur la prise de décision :
favoriser la prise de décision au niveau local pour éviter des prises de décisions incohérentes au niveau des territoires.
Restituer les processus de décision aux usagers afin qu’ils puissent comprendre la dynamique des décisions et accepter les mesures prises.
Sur la coordination :
– coordonner les différents acteurs du système de santé et développer la prise en compte de l’expertise des usagers. Réfléchir aux rôles de chacun, à une meilleure collaboration, à des réponses communes.
– Organiser la coordination du monde social et médico-social pour répondre au besoin croissant de prise en charge.
– Favoriser la transversalité entre associations, infirmiers, médecins.
Sur la prévention :
organiser une meilleure prévention, notamment auprès des publics jeunes, responsabiliser les citoyens, éduquer les personnes à risque et celles qui ne pensent pas être concernées. Développer la pédagogie et l’éducation thérapeutique.
Mais aussi :
– repenser et valoriser les métiers d’aide et de maintien à domicile
– pérenniser les espaces de dialogue et les initiatives solidaires, en conservant souplesse et réactivité
– activer le travail entre public et privé
– mieux prendre en compte les effets secondaires du confinement
– anticiper et être attentif aux violences domestiques
– donner plus de marge d’initiative et de manœuvre au niveau régional
Les comptes-rendus des échanges sont ici.