Santé mentale et crise sanitaire : des actions régionales en faveur des jeunes et des enfants

Les conséquences de la crise sanitaire que nous vivons depuis un an sur la santé mentale des populations, apparaissent aujourd’hui comme très fortes. Elles font l’objet des discussions de la part de différentes arènes (politiques, scientifiques, médiatiques…), et conduisent à la mise en place d’actions à l’échelle nationale et régionale. Parmi celles-ci, la situation des jeunes fait l’objet d’une attention particulière.

Depuis un an, plusieurs enquêtes sont menées à l’échelle nationale afin d’évaluer l’état de la santé mentale de la population française, dont les premiers résultats ont été publiés ces derniers mois, participant à mettre en lumière le sujet. Il en ressort que les effets de la situation épidémique et des mesures prises pour contrôler la crise sanitaire sont déjà observables. Mais la situation que nous vivons aura des effets à long terme dans les mois et années à venir, comme le démontraient Emile Durkheim et Maurice Halbwachs, et tout particulièrement sur les enfants.

Les études montrent que la situation de crise sanitaire peut induire des troubles tels que l’anxiété (à l’égard de la santé, de la situation économique), de l’irritabilité, un sentiment d’isolement, ou d’impuissance, de frustration, des troubles du sommeil, une humeur dépressive, des idées suicidaires, voire des tentatives de suicide. Elle peut aussi provoquer des violences intra-familiales, des décrochages scolaires…Ces différents troubles touchent notamment les personnes en situation de précarité (emploi, finance, logement: tels que les chômeurs, les 18-24 ans, les étudiants, les personnes vivant dans un logement surpeuplé…), celles ayant des antécédents de troubles psychologiques …

Cette dégradation de la santé mentale conduit aujourd’hui à une augmentation de l’activité en psychiatrie au sein de la région Pays de la Loire : chez les enfants, les adultes, en ambulatoire comme en hospitalisation, avec des tensions plus ou moins fortes, variables dans le temps et selon les territoires. Cette augmentation des recours aux soins de santé mentale concerne notamment la pédopsychiatrie, les services de pédiatrie, les SUMPSS – Services de santé aux étudiants (+12 % à Angers, et +20 % à Nantes), et les MDA – Maison des Adolescents. La situation conduit à une augmentation des délais d’attente et de prise en charge, permettant difficilement de répondre aux besoins immédiats. Ce, dans une région ou la démographie médicale des psychiatres est très déficitaire dans certains territoires (Mayenne, Vendée, Sarthe …), sans compensation possible par la psychiatrie libérale. Malgré l’ouverture en janvier 2021 d’une nouvelle unité de pédopsychiatrie sur le territoire de Saint-Nazaire, les capacités d’accueil et de réponses aux urgences restent encore tendues.

Au sein de ce contexte de crise, les jeunes font donc l’objet d’une attention particulière. Ce à l’échelle nationale: des chèques psy ont été mis en place pour les étudiants, dispositif géré par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, déconnecté de la notion de parcours, et pour lequel nous n’avons actuellement pas de retours. Au sein de la région, différentes actions sont menées: documentation et information sur l’offre d’écoute au sein des Missions locales/MDA, diffusion de l’annuaire des acteurs de la prévention du suicide, une démarche de renforcement des SUMPPS, une démarche de formation des Universités aux premiers secours en santé mentale, la création d’équipes mobiles pour la prise en charge des adolescents et des unités de périnatalité/pédopsychiatrie, l’augmentation du nombre de lits d’hospitalisation en pédopsychiatrie et adolescents de jour, création du dispositif VigilanS au CHU d’Angers en janvier 2020 (prévenir et limiter la réitération suicidaire)… Une étude est en cours sur les besoins de renfort des MDA et CMP infanto-juvéniles sur l’ensemble de la région.

Finalement, la crise COVID a fortement impacté les organisations et les pratiques dans le secteur sanitaire, et agit comme un accélérateur de ceux-ci. Les actions existantes sont renforcées, et de nouvelles sont mises en place. Nous avons abordé ici notamment la situation des jeunes, mais d’autres publics font également l’objet d’une attention et d’actions spécifiques, telles que les personnes âgées, les personnes en situation de handicap… Nous vous invitons à consulter le dossier de presse de l’ARS.


Focus : Des mesures nationales déclinées à l’échelle régionale

La région Pays de la Loire s’inscrit dans les orientations nationales, telles que le Ségur de la Santé (prévoyant un renforcement des Centres Médico-Psychologiques – CMP, de la cellule d’urgence médico-psychologique régionale – CUMP, et bientôt des Maisons de Soins Psychiatriques – MSP et centres de santé), et d’une attention portée par le Ministère de la Santé sur plusieurs champs de la santé mentale (files et délais d’attente, taux d’occupation, urgences psychiatriques)… Des assises nationales de la psychiatrie sont également prévues avant l’été 2021.

L’ARS a fait de la santé mentale l’une des cinq priorités du Projet Régional 2018-2022, et a élaboré afin de mettre en effectivité ces orientations un PACT-Santé mentale entre 2019 et 2020: prévoyant une modernisation des pratiques professionnelles, un renforcement de l’accès aux soins somatiques, pour la pédopsychiatrie plus de dépistage, de prise en charge et d’aller vers, un renforcement de la prévention et gestion des situations de crise…. En 2020, 17 millions d’euros ont été mobilisés en faveur de la psychiatrie, finançant différentes mesures. Celles-ci sont présentées dans un dossier de presse publié le 17 mars 2021, faisant le point sur les actions développées depuis un an et en cours de développement au niveau de l’offre sanitaire et des acteurs intervenant dans le champ de la prévention: création a venir de 30 postes dans la région au sein des CMP (postes doublés par rapport à ce que prévoyait le Ségur), renforcement des équipes SPID (Soins psychiatriques intensifs à domicile) afin de prévenir et raccourcir les hospitalisations, et d’autres…


Pour aller plus loin :

– Santé Publique France. (2020). « CoviPrev : une enquête pour suivre l’évolution des comportements et de la santé mentale pendant l’épidémie de COVID-19 ». Ici

– Fondation Jean Jaurès. (2020, 18 novembre). « Suicide : l’autre vague à venir du coronavirus ? ». Ici

– Émile Durkheim. (1897). Le Suicide : Étude de sociologie. Paris, Félix Alcan

– Maurice Halbwachs. (1930). Les causes du suicide. Paris: Félix Alcan

– ARS Pays de la Loire. (2021, mars). Dossier de Presse. Crise Covid et santé mentale : un accompagnement renforcé en Pays de la Loire pour faire face à la crise sanitaire. Ici

Retour aux actualités