Santé mentale et COVID-19: Recrutement de personnel « non habituel », point sur les dispositifs à l’intention des jeunes et des équipes mobiles

Les confinements ont eu pour effets une augmentation des troubles anxio-dépressifs légers à modérés. Ceux-ci peuvent être traités précocement en quelques consultations, sans quoi un risque existe de chronicisation ou d’aggravation de ceux-ci. Pour cela, des dispositifs ont été renforcés et créés afin de répondre aux besoins.

En raison de la crise sanitaire, l’activité en psychiatrie (pédopsychiatrie et psychiatrie adulte) a augmenté au sein de la région. Cette augmentation se cumule à une diminution du personnel au sein de nombreux établissements médicaux et paramédicaux : notamment des médecins psychiatres et infirmiers en psychiatrie. En effet, la population des médecins psychiatres de la région vieillit, et est marquée par de nombreux départs en retraite. Les jeunes psychiatres se dirigent vers des postes attractifs, moins contraignants. Concernant les infirmiers, ceux-ci s’orientent prioritairement vers la Médecine Chirurgie Obstétrique (MCO), la psychiatrie représentant un attrait moindre. Ces difficultés de recrutement concernent de manière différenciée les territoires : alors qu’Angers et Nantes représentent toujours des pôles attractifs, la Mayenne et la Sarthe connaissent plus de difficultés. De plus, les professionnels ressentent globalement de la fatigue du fait de l’année écoulée.

Ce manque de médecins et infirmiers aux échelles nationale et régionale, conduit à un renforcement des effectifs de professionnels par le recours à du personnel « non habituel »: des psychologues notamment, représentant un vivier mobilisable. Ceux-ci viennent en renfort au sein des Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP) et Centres Médico-Psychologiques (CMP) afin de mettre en place des consultations pour tous les âges, enfants et adultes, avec un accès gratuit sans avance de frais. De même, le renforcement des équipes concerne également les Maisons des Adolescents (MDA), la pédopsychiatrie de liaison intervenant en pédiatrie ou aux urgences, et des cellules d’urgence médico-psychologiques. Ces recrutements interviennent la fois dans le cadre des mesures du Ségur, ainsi que par des décisions locales de l’ARS sur des crédit COVID du Fond d’Intervention régional (crédits qui vont faire l’objet d’une évaluation quant à leur pérennisation).

Les dispositifs renforcés et créés visent majoritairement la population des jeunes : par la communication, et des actions favorisant le repérage précoce des situations à risques. Ceux-ci ont été abordés au sein du précédent article sur la santé mentale. Nous pouvons cependant noter parmi les actions locales menées celles de la MDA 49. Au titre des cinq MDA de la région, celle-ci a notamment réalisé un webinaire à destination des familles en difficulté face à la détresse des adolescents, action qui sera probablement reconduite. Elle à également pour projet, à travers le support de la bande dessinée, d’amener les jeunes à échanger sur leurs ressentis et vécus de la crise sanitaire, ainsi que de faire passer des messages de prévention. De plus, un nouveau dispositif PsyEnfantAdo, piloté par l’Assurance Maladie, est en cours d’élaboration à l’échelle nationale. Il permettra aux jeunes de 3 à 17 ans d’avoir accès jusqu’à 10 séances de consultation avec un psychologue sans avance de frais. Actuellement, l’expérimentation est en phase de recrutement de professionnels pour la constitution de l’annuaire.

Outre les jeunes, des dispositifs mobiles ont été renforcés ou crées, dans une intention d’aller-vers, afin de pourvoir tous les départements de la région n’en étant pas dotés. Parmi les dispositifs existants, les équipes mobiles psychiatrie-précarité (EMPP) ont joué un rôle important durant la crise sanitaire, et ont fait l’objet de délégations de crédits au niveau national (EMPP pour public migrant Sud Loire notamment). Les équipes mobiles de gérontopsychiatrie ont pu difficilement intervenir au sein des EHPAD durant le premier confinement, et ont actuellement repris leurs activités. Les soins intensifs en psychiatrie au domicile, en direction des adultes, ont quant à eux pour projet de se déployer vers les adolescents. Enfin, durant cette année de crise, les Groupes d’Entraide Mutuelle (GEM) se sont questionnés sur la continuité de leurs activités afin de lutter contre l’isolement des personnes en situation de handicap.

Pour aller plus loin:

Ministère des solidarités et de la santé. (mai 2021). « Le dispositif PsyEnfantAdo ». Ici

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