Covid-19 et santé mentale des adolescents – L’étude de l’Observatoire Régional de Santé des Pays de la Loire

L’Observatoire Régional de Santé des Pays de la Loire à publié une étude faisant état de l’impact de la crise sanitaire sur la souffrance psychique et le recours aux soins des adolescents au sein de la région.

L’ORS a constaté que les enquêtes et observations réalisées depuis fin 2020 sur l’impact de la crise sanitaire sur la santé des jeunes portaient presque exclusivement sur le niveau national. L’Observatoire et l’Instance régionale d’éducation et de promotion de la santé (IREPS) ont réalisé une étude sur la santé mentale en couplant une approche quantitative (revue de la littérature, analyse de données sur le recours aux soins des jeunes ligériens âgés de 11 à 18 ans dans le domaine de la santé mentale), et qualitative (rencontre et mobilisation de professionnels et jeunes volontaires dans les lycées).

Cette étude montre que lors du premier confinement, le nombre de passages aux urgences des jeunes entre 11 et 18 ans en lien avec un trouble mental a connu une forte baisse, comparé à la même période en 2019 : entre le 17 mars au 10 mai 2020, ce recours à chuté de -56 % chez les garçons, et -61 % chez les filles.

Depuis 1er déconfinement en mai 2020 jusqu’en juin 2021, le nombre de passage aux urgences est resté en baisse chez les garçons, comparé à la même période en 2019. Cet écart s’est amenuisé progressivement au fil des mois (-29 % lors du premier déconfinement, -9 % lors du 2ème déconfinement, -5 % lors du 3ème déconfinement). A l’inverse, le nombre de passages aux urgences des filles a connu une forte hausse comparé à 2019 : +2 % lors du 1er déconfinement, +41 % lors du 2ème déconfinement, +32 % lors du 3ème déconfinement.

De plus, le nombre de jeunes de 13 à 18 ans traités par psychotropes a connu une augmentation de 23 % entre octobre 2020 et juin 2021, en particulier chez les filles de 13 et 14 ans (+50%).

Concernant le recours aux médecins généralistes et pédiatres, la crise sanitaire semble avoir impacté davantage les prestations de soins que les prestations d’écoute, qui ont légèrement baissé chez les garçons et sont restées stables chez les filles. Les médecins ont pu prendre en charge une partie des patients en souffrance psychique, notamment chez les jeunes filles, mais l’absence d’augmentation de leur activité durant l’épidémie jusqu’en juin 2021 auprès des adolescents semble indiquer que le recours a ces professionnels n’a pas été massivement utilisé pour pallier le manque d’offre spécialisée en pédopsychiatrie.

Concernant les soins de psychiatrie réalisés en ville, la crise sanitaire n’a pas influencé les données d’activité de consultation du libéral, secteur saturé. L’augmentation d’activité de consultation a été principalement absorbée pour les plus jeunes par les consultations externes des équipes hospitalières après un éventuel passage aux urgences pédiatriques voire une courte hospitalisation. Les plus âgés se sont tournés vers des consultations en libéral, avec des psychiatres ou psychologues, ou auprès des Maisons des Adolescents.

Lors du 1er confinement, l’ensemble des Maisons des Adolescents ont été fermées durant deux mois. Sur l’année 2020, moins d’adolescents ont été pris en charge, et notamment moins de nouveaux, mais les jeunes ont eu en moyenne un peu plus d’entretiens (3,6 vs 3,3 en 2018). A l’inverse, en Maine-et-Loire, l’activité à fortement augmenté, principalement dans les sites d’Angers et Saumur.

Au cours du 1er semestre 2021, de nombreux adolescents se sont tournés vers les MDA faute de prise en charge suffisamment rapide par un psychiatre ou dans un CMP. Ainsi, l’ensemble des MDA de la région ont connu une hausse de leur activité (+17 % d’entretiens et +23 % de nouvelles situations en Loire-Atlantique), entraînant une forte augmentation des délais de prise en charge : 2 semaines minimum, voire un mois (comparativement en 2018-2019 : entre 48h et 15 jours d’attente). Cet allongement des délais et le contexte sanitaire anxiogène ont conduit les professionnels a constater chez les adolescents rencontrés des situations de mal-être plus avancées que par le passé, témoignant de la difficulté à préserver une dimension préventive en période de crise.

Pour aller plus loin :

Observatoire Régional de Santé des Pays de la Loire. (janvier 2022). La santé mentale des adolescents des Pays de la Loire, au regard de l’épidémie de Covid-19.

 

Retour aux actualités