Journée régionale autour des problématiques santé/précarité dans la situation de crise sanitaire

Le Groupe permanent santé-précarité s’est réuni le 13 avril 2021. Lors de cette réunion, plusieurs enjeux ont été ciblés : la coordination des acteurs, les modalités de mise en place de l’aller-vers, et la fluidité des parcours de santé, de logement, d’insertion.

La coordination des acteurs associatifs et institutionnels est indispensable dans le domaine de la précarité, mais difficile à mettre en place. La crise sanitaire a permis la mise en œuvre rapide de dispositifs d’urgence afin de répondre à certains besoins, mais la pérennisation de la coordination sur le long terme reste à penser. Les membres du groupe ont ainsi souligné la nécessité de formaliser dans les missions de chaque acteur des temps dédiés à la coordination, permettant, en complément d’un travail de terrain, d’asseoir ceux-ci et les responsabiliser dans leur poste. Cette coopération nécessite de se connaître, et pour cela de créer des temps d’interconnaissance entre le formel et l’informel, permettant de légitimer les actions et changer les idées reçues. Afin d’assurer la qualité de la prise en charge, il est également nécessaire de centraliser les informations, par la création de nouveaux outils, afin de permettre une meilleure lisibilité des dispositifs et du réseau en place. Le bénéficiaire doit être également pris en compte dans la coordination : l’inclusion par la réinsertion, la réhabilitation, nécessitant l’adhésion de la personne. Des lieux de coordination entre acteurs, la mise en place de référents de parcours par le Conseil Départemental, la prise en compte des personnes entourant le bénéficiaire pourraient y contribuer. De plus, il est nécessaire qu’une volonté politique ou institution pérennise les dispositifs existant avant d’en créer de nouveaux. Enfin, de l’importance doit être redonnée aux territoires : prendre en compte les différents besoins d’un territoire, et assurer un maillage permettant de répondre à ses spécificités.

Le deuxième grand enjeu concerne les modalités de mise en place de l’aller-vers. Les dispositifs sont à penser en matière de coordination avec la suite du parcours, et sur le temps long, en dehors des parcours traditionnels. Il est nécessaire de redoubler d’attention pour repérer les personnes éloignées du soin. Pour cela, plusieurs points-clés ont été discutés. Premièrement, la nécessité de favoriser un maillage des dispositifs couvrant l’ensemble des territoires et champs de compétence du sanitaire et médico-social. La fonction de médiation, articulée à l’aller-vers, doit de plus être valorisée, en consolidant notamment le rôle des élus locaux. Des dispositifs numériques, expérimentés durant la crise sanitaire, doivent continuer à être développés, en portant attention toutefois à la fracture numérique. La crise sanitaire a permis de mettre en place des initiatives et financements afin d’éviter le non-recourt aux droits : cet accompagnement doit être consolidé. De plus, des dispositifs interacteurs et pluridisciplinaires ont émergé à cette période, qu’ils seraient bons de généraliser et pérenniser.

Le troisième enjeu discuté concerne la fluidité des parcours de santé, de logement, d’insertion, d’autant plus mis à mal durant la crise sanitaire. La coordination, possible par l’interconnaissance des acteurs, permettrait de fluidifier ces parcours, et serait possible par la création de nouveaux partenariats entre associations, professionnels de santé, départements… Des besoins spécifiques et dispositifs sectorisés sont pensés lorsque la précarité est évoquée, complexifiant le droit commun et les parcours. Dans ce cadre, des référents pourraient être mis en place dans le droit commun, afin de réintégrer les personnes dans celui-ci, et assurer une continuité dans les suivis. De plus, les professionnels de santé et réseaux de soins doivent être informés, sensibilisés aux problématiques de la précarité, afin de permettre l’accès et le bon déroulement des parcours de soins. Des relais locaux sont également nécessaires afin que les usagers sachent où s’informer. Enfin, l’accompagnement doit s’inscrire dans une temporalité précise, ou des réponses claires sont apportées aux personnes afin que celles-ci puissent se projeter.

De nouvelles ruptures de parcours de soins ont été identifiées par le groupe santé précarité, auxquelles une attention particulière doit être portée. Celles-ci concernent les étudiants isolés, les jeunes passants de la vie étudiante à la vie active, les femmes victimes de violences, les personnes migrantes… De nouvelles addictologies sont à prévoir dans les prochains mois et années, notamment chez les jeunes, en lien avec les confinements. Enfin, les effets des ruptures de soins liés aux confinements seront également à évaluer.

Afin de répondre à ces différents grands enjeux, la démocratie sanitaire pourrait produire un état des lieux interacteurs, partagé, afin de placer les acteurs en amont et en aval d’un processus d’accompagnement.

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